Olivier “Luffy“ Hay – Athlète Professionnel sur Street Fighter

  • 1) Olivier, en premier lieu, est-ce que tu peux nous présenter ton parcours ?

  • Je m’appelle Olivier HAY, 32 ans, de mon pseudonyme de gamer « Luffy », tiré du manga « One Piece ».

    J’ai fait un Bac ES, puis une licence de Sciences Economiques, pour termine avec un Master 2 en Economie Internationale à l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne.

    J’ai commencé à jouer aux jeux vidéo très jeune, avec la Super Nintendo et Super Mario World, s’ensuit une grosse période J-RPGs avec la Playstation ; vient ensuite l’achat de mon premier PC, qui m’a fait perdre de nombreuses heures sur Counter-Strike, Ragnarok Online, Dota.

    En Avril 2009, j’acquiers une Playstation 3 avec Street Fighter IV. A ce moment, aucune volonté de performance, juste simplement m’amuser sur un jeu de combat. 5 mois après, on m’informe qu’une compétition a lieu sur Paris dans un magasin de jeux vidéo, je ne savais même pas que des compétitions de jeux de combats existaient, j’y vais pour le fun, et je remporte la victoire, avec une Playstation 3 à la clé !

    Progressivement, je prends part aux compétitions parisiennes, et me classe très rapidement dans les meilleurs joueurs de la région ; je passe ensuite au cap supérieur en participant aux compétitions européennes, de même, je me positionne sur les différents podiums. Enfin, j’atteins l’un des objectifs de ma carrière de joueur en remportant l’EVO (la compétition annuelle de jeux de combat la plus importante pour tout joueur) en 2014.

    En 2016, je quitte mon emploi, et deviens joueur professionnel à plein temps. La décision fût très difficile à faire, car un simple hobby se transforme en un travail. Je n’ai plus la sécurité de mon CDI, mon salaire mensuel sans avoir un besoin réel de performance, les prize-out de tournoi étaient un plus et non primordial ; maintenant, je dois jouer pour gagner, et non pour faire de mon mieux. Le stress et la pression est bien plus importante, car en l’absence de performance, je peux perdre mon emploi et donc mes sources de revenus.

    Aujourd’hui, je participe aux compétitions de Street Fighter V dans le monde entier, et représente les couleurs du Beşiktaş, et de Red Bull.

  • 2) Alors que tu étais encore étudiant à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, tu passais environ 10 heures par jours à t’entraîner aux jeux de combat. Quel regard portes-tu aujourd'hui sur cette période ?

  • Je ne passais pas 10h par jour, compliqué avec l’emploi du temps des cours ; Je dirais entre 3h et 5h maximum par jour dans la mesure du possible.

    Jouer à Street Fighter IV était un loisir comme un autre, je n’étais pas quelqu’un qui sortait boire un verre après les cours, ou qui pratiquait un loisir sportif/artistique. Et je précise que jouer aux jeux vidéo, et voyager les WEs pour aller en compétition ne m’a pas empêcher d’obtenir mes diplômes 😊 !

  • 3) Entre 2014 et 2016, tu as cumulé un « double emploi », celui « conventionnel » de responsable de pôle pour l'entreprise Havas 360, et celui de joueur professionnel pour le réseau Meltdown Bars. Comment était ton quotidien à cette période ?

  • Cette période était aisément la plus fatigante de ma vie. Jongler entre un boulot de cadre à 40h+/semaine et participer à des tournois internationaux le WE en ayant l’intégralité de mes congés utilisés pour ces derniers. Un exemple : Partir au Canada jeudi soir, pour participer à un tournoi se déroulant le samedi / dimanche, puis ensuite prendre le retour première heure lundi matin, et atterrir sur Paris mardi matin 7h pour aller directement au travail, et rebelote le WE pour un déplacement à Madrid, etc…
    Je préparais souvent mes présentations PPT et avançait dans mon travail durant mes vols ou les escales.Tout est une question d’organisation.

    Finalement, c’est à force de motivation que je peux aujourd’hui être pro à plein temps !

  • 4) Sur quels critères, selon toi, a reposé la volonté de Red Bull de t'engager en tant qu'athlète professionnel de jeu vidéo ?

  • Selon moi, les critères primordiaux pour Red Bull ont été :

    La performance.
    La renommée.
    Mon pragmatisme et ma maturité face à la compétition.
    Etre volontaire et passionné pour la marque.

    Telles sont, à mon avis, les qualités requises pour être athlète Red Bull.

  • 5) [Instant PUB] : Quelles sont tes prochaines actualités ?

  • Côté compétition, je serais présent au Red Bull Kumite qui se tiendra à Paris le 10-11 Novembre 2018 ; Puis à la Finale du Capcom Pro Tour, à la Capcom Cup les 15 et 16 Décembre 2018 à Las Vegas.

    Côté évènement public, je serais à la Paris Games Week pour y faire des animations sur différents stands.

  • 6) Quel est le cadre « général » de ton contrat de représentation avec Red Bull ?

  • Mon contrat avec Red Bull est un contrat de sponsoring, c’est-à-dire que Red Bull va me défrayer mes déplacements en compétitions, à savoir le transit et le logement.

    Il y a ensuite un volet « Performance » qui représente la majeure partie, je me dois d’avoir des résultats en compétitions, avec des primes en cas d’atteintes de mes objectifs.

    Aussi, au-delà de l’aspect financier, Red Bull met tous les moyens nécessaires pour que l’athlète puisse performer au maximum. Si bien que lors de mes compétitions importantes, un espace VIP uniquement réservé à l’athlète est à sa disposition pour se reposer, s’entrainer, manger, s’isoler de la compétition pour se concentrer…

  • 7) Enfin, le conseil du Chef : Si tu avais des conseils, des préconisations à formuler à quelqu'un souhaitant devenir joueur professionnel de jeu vidéo, quels seraient-ils ?

  • Le plus important de tous, jouez la sécurité, et continuez vos études en parallèle de tryharder le jeu. Etre pro-gamer, ça fait rêver, mais tout peut s’arrêter subitement avec une simple mise à jour du jeu, l’arrêt des compétitions sur votre jeu de prédilection. Il est important d’avoir les moyens de retomber sur vos pieds.

    Savoir se remettre en question est là une des grandes forces des joueurs professionnels, apprendre à analyser ses erreurs et surtout trouver des solutions aux problématiques auxquelles vous faites face. Cela peux se faire en visionnant vos propres défaites, où voir ce que font les joueurs meilleurs que vous face à ces problématiques.

    Enfin, si votre objectif est de devenir joueur pro, rentabilisez vos heures de jeux ! jouer pour jouer est inutile, c’est de la perte sèche de temps. Chaque session de jeu que vous faites, qu’importe le temps, doit être dans un but précis de progression. « Aujourd’hui je souhaite peaufiner cet axe de jeu / améliorer ma défense, … »


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