Quand travail rime avec passion

  • 1) Romain, en premier lieu, pourrais-tu nous faire une rapide présentation de ton parcours ?

  • Alors mon parcours : au niveau général, j'ai un BAC ES, puis j'ai réalisé une formation en licence professionnelle de « commerce et gestion en hôtellerie et restauration », à l'école Vatel. A la suite de cela, je me suis dédié à 100% au club électronique, que je gérais déjà en amont, et qui s'appelait oXmoze. Comme je n'arrivais pas à en vivre, j'ai revendu le club, et j'ai fait un Master en International Business Management dans une école de commerce. J'ai par la suite travaillé auprès d'une agence de com et durant cette période, je reçois un appel de Cédric Page (à ce moment là, gérant direct de Millenium) qui me propose d'être recruté en tant que Chef de projet chez eux. Je rejoins donc Millenium en 2012, et en 2014 c'est Alexandre Malsh qui m'appelle afin de me proposer de rejoindre Melty. J'y ai alors dirigé l'intégralité du projet eSport, de sa réflexion / préparation à sa mise en place et ce sur une période de plus de 2 ans.

  • 2) Qu'est-ce qui, d'après toi, a fait qu'Alexandre Malsch t'a sollicité pour prendre la direction du tout nouveau Pôle eSport de Melty ?

  • Il y a déjà des raisons personnelles, puisqu'Alexandre et moi on se connaît depuis tout petit ! L'autre point qui l'a fait me solliciter est le suivant : il était en discussion avec Millenium (à l'époque où la structure levait des fonds), et il avait l'idée de faire une synergie Melty/Millenium. Il m'a alors appelé pour savoir ce que j'en pensais, et je lui ai répondu exactement la même chose que mes patrons de l'époque, c'est à dire ceux de Millenium. Il m'a alors rappelé le soir même où il avait échangé avec eux, et m'a ensuite proposé de rejoindre Melty. L'opportunité était hyper intéressante : je prenais le lead d'un tout nouveau projet conséquent, j'avais donc un vrai step-up et qui plus est une augmentation de salaire. De plus, il y avait derrière la puissance de feu de Melty qui me semblait être un véritable tremplin pour mettre les projecteurs en direction de l'eSport au travers d'un média généraliste.

  • 3) Arrivé à ce niveau de responsabilité (et de pression?), est-ce que le jeu vidéo reste une passion- loisir ?

  • Ça dépend des gens. Je pense que pour beaucoup ça ne reste plus une passion, ça devient un boulot. Mais ce n'est sans doute pas le cas de tous. Je pense que c'est lié à la manière dont on arrive à dissocier l'aspect travail et la vie privée. Toujours est-il que l'eSport reste un milieu d'ultra passionnés, et que la capacité que l'on peut avoir d'y prendre toujours plaisir vient de cette dissociation. Moi, quand je finis le taff, je « coupe », c'est à dire que je ne réponds plus aux questions que les joueurs peuvent me poser, je laisse tomber la boite e-mail, et j'entre dans la « zone » dédiée soit à ma compagne, soit à la soirée de jeux vidéo que je vais faire avec mes potes. Donc pour moi le jeu vidéo reste une passion et un loisir, et ce principalement parce que je cadenasse le boulot et le jeu.

  • 4) Tu as participé au recrutement de plusieurs joueurs professionnels ; peux-tu nous expliquer comment est-ce qu'une structure détecte et embauche de futurs joueurs pros ?

  • Il n'y a qu'une seule façon de détecter les futurs joueurs professionnels : regarder les tournois, analyser les résultats de ces derniers et aller chopper les équipes qui gagnent. Donc pour devenir joueur pro, c'est tout aussi simple, tu t’entraînes, tu te sors les doigts du cul, et tu gagnes des compétitions. Car si tu ne gagnes pas, tu n'existes pas, et si tu n'existes pas, personne ne viendra te voir … c'est un monde de sauvages. Dans l'eSport, on prend les meilleurs, et uniquement les meilleurs.

  • 5) [Instant PUB] : Après ce choix difficile pris par Melty de fermer son pôle eSport, quelles sont tes prochaines ambitions ?

  • Alors si tout va bien je suis censé ouvrir ma propre boite de conseils en eSport auprès des marques mais surtout auprès des agences ! Effectivement, ces agences veulent conquérir le marché de l'eSport, et savent pourquoi y aller (à savoir atteindre un public jeune et masculin), mais elles ne savent ni avec qui, ni comment, ni par quels moyens. Donc nous serons là pour les aider, les accompagner dans cette démarche, tout en étant capable de leur vendre du Melty, du Webedia ou du Ogaming, puisque l'on souhaite travailler avec tout le monde. Je ne peux pas vraiment en dire davantage, car il y a quelques agences qui sont en train de se monter, mais dans tous les cas cela promet une seine concurrence très prochainement.

  • 6) Quelle place va, d'après toi, prendre l'eSport féminin sur la scène française dans les mois à venir ?

  • Alors, pour moi et si je dois être rationnel, et malgré que je sois un fervent défenseur de la scène féminine, je pense que l'eSport féminin va prendre la même place que le rugby féminin, c'est à dire très faible dans les mois qui viennent (avec un développement possible mais qui se comptera plus en années qu'en mois). Je dis ça parce qu'il y a très peu de volonté de la développer de la part des différents acteurs et que l'on est sur des communautés excessivement masculines donc parfois assez moqueuses sur l'eSport féminin. Et je pense que tout le monde à sa part de responsabilité là dedans : les organisations d'événements qui ont une logique de remplissage, le manque de moyen de la part des structures et des sponsors … bref, l'écosystème me semble encore discutable et ne pousse en rien l'eSport féminin. Donc à moins qu'il n'y ait une véritable et profonde volonté de la part des marques de la développer, ça va être compliqué …

  • 7) Enfin, le conseil du Chef : Que dirais-tu à un jeune manager qui rencontre des difficultés à conserver une cohésion d'équipe entre ses joueurs (et leur ego potentiel) ?

  • C'est compliqué, parce que moi j'ai toujours eu la politique de la non ingérence dans l'équipe de la part du management. C'est à dire que tu as un coach, qui fait partie intégrante de l'équipe, donc qui compte autant que les joueurs, et qui est responsable et garant de la cohésion de cette dernière. Mais le manager, lui, s'il fait de l'ingérence, il va générer des problèmes supplémentaires, donc il doit s'appuyer sur son coach pour régler ses petits soucis/ses petits problèmes d’ego. Donc à ce jeune manager, je lui dirais en premier lieu que son coach, c'est pas un « random branleur » et qu'il a une grande utilité pour régler ce genre de problématique, et ensuite qu'il ne doit pas s'impliquer sur ce genre de dossiers s'il ne souhaite pas au contraire rajouter des difficultés inutiles.


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