Claire Adamski - Producer / Chargée de projets chez O'Gaming

  • 1) Tout d'abord Claire, peux-tu nous présenter ton parcours ?

  • Avec plaisir ! Je m'excuse d'avance si je m'étale un peu...

    Je sors d'une lignée scolaire très littéraire : après mon bac L, je suis partie en Classe Préparatoire aux Grandes Ecoles (CPGE) pour y faire 3 années en Lettres Classiques (Hypokhâgne / Khâgne / Khûbe). On ne va pas se mentir, à l'époque, je n'avais aucune idée de ce que je voulais faire de ma "vie d'adulte", et je chérissais le fait de rester dans un milieu scolaire très généraliste pour ne pas avoir à me restreindre trop tôt.
    Une fois venue la fin de ma prépa, j'ai essayé de passer plusieurs concours (que j'ai bien évidemment ratés, sinon c'est pas drôle) : écoles de journalisme, écoles de commerce, et Sciences Po. Étant donné que j'avais raté le concours de l'ENS qui aurait pu m'ouvrir certaines portes d'écoles, je me suis rabattue sur un Master que je trouvais intéressant à la Sorbonne Nouvelle : Médiation Culturelle. Pour être tout à fait honnête, ce n'était pas exactement ce à quoi j'aspirais, mais c'était mon premier choix de fac, donc je m'y suis rendue.
    Durant tout mon Master 1, je souhaitais travailler pour de l'événementiel musical, et plus précisément pour des festivals de musiques actuelles : je baignais déjà pas mal dans ce milieu via mes activités de bénévolat, et ça me plaisait beaucoup.

    De fil en aiguille, et en dehors du milieu universitaire, j'ai rencontré différentes personnes appartenant au milieu du jeu vidéo et de l'esport, notamment Pomf (Président d'O'Gaming) que j'avais rencontré par hasard à une soirée. J'ai un peu discuté avec lui, je le trouvais sympa, mais je ne connaissais rien au milieu. J'avais déjà entendu parler d'O'Gaming par des amis, mais je n'avais jamais regardé de compétitions ou d'émissions qu'ils pouvaient produire.
    Curieuse, je me suis renseignée un peu plus sur le milieu du jeu vidéo et de l'esport, et je me suis rendue compte que c'était un milieu en pleine émergence, avec une multitude de choses à faire ! J'ai trouvé ça génial, et j'ai décidé d'orienter mon Master 2 autour du jeu vidéo, toujours en conservant un lien avec la notion de "Culture" qui était au coeur de mon Master. J'étais un peu un ovni, parce qu'au premier abord, peu de personnes voient le rapport entre jeu vidéo et culture. Il a fallu exercer un stage de 6 mois en entreprise, et c'est sur les conseils d'une amie que je me suis retrouvée Stagiaire Assistante de Production sur le festival Stunfest, organisé par l'association 3 Hit Combo.
    C'était clairement une expérience très enrichissante, le staff de l'asso était absolument incroyable, j'ai appris beaucoup de choses à leurs côtés.

    Une fois mon stage chez 3 Hit Combo terminé, je devais réfléchir plus profondément à ce que j'allais faire de ma vie avec un Master en poche. J'ai contacté Pomf pour savoir s'ils avaient des opportunités en production chez O'Gaming, et en quelques semaines, je me retrouvais à Paris pour effectuer des petites missions de test. C'est comme ça que j'y ai mis les pieds pour la première fois, et que je n'en suis jamais repartie !

  • 2) Comment s'est déroulée ton arrivée chez O'Gaming ?

  • Mon arrivée chez O'Gaming s'est faite plutôt naturellement. On m'a demandé de venir effectuer une petite mission sur la finale des LCS EU qui avait lieu au Belushi's à l'époque, pour tester mes capacités, j'imagine.
    La mission n'était pas très claire, je devais m'assurer que tout se passe bien à l'accueil du bâtiment pour l'événement : tout s'est très bien passé, et on m'a rappelée quelques jours après pour me présenter d'autres projets à venir sur lesquels O'Gaming aurait potentiellement besoin de moi. C'est là qu'a réellement commencé mon travail chez eux.
    J'ai été introduite très rapidement chez O'Gaming, on m'a donné un bureau pour que je puisse venir travailler au quotidien dans leurs locaux, et on m'a donné des petites missions au fur et à mesure. Très honnêtement, c'était des missions très simples pour savoir ce que j'étais capable de faire ou non.
    Ma première vraie mission a été l'organisation du bootcamp des Worlds de 2015 au Belushi's : je devais donc organiser 2 semaines de bootcamp, prévoir les activités à faire faire au public en journée, booker les talents présents sur chaque journée, organiser les soirées avec les joueurs des équipes professionnelles et avec les casters internationaux, être aux petits soins des casters français, etc.
    Pour une première mission, c'était assez dense, et j'ai énormément appris en faisant toutes ces choses très variées ! Ça a également été l'occasion pour moi de me faire "accepter" par le groupe des casters français, ce qui a par la suite beaucoup favorisé mes relations professionnelles avec eux !

  • 3) Cela fait maintenant 4 ans que tu as rejoint l'équipe d'OG ; quelles ont été les différentes missions qui t'ont été confiées jusqu'à présent ?

  • Alors, je ne vais pas me risquer à un listing exhaustif, sinon ça va prendre beaucoup trop longtemps !

    Les missions que j'effectue chez O'Gaming sont assez variées dans la globalité, et ce depuis le début de mon travail chez eux. Pour faire un gros tour d'horizon, je peux être en charge d'émissions originales comme d'émissions "marque blanche" (c'est-à-dire produites pour une marque, diffusées par la marque, sans apparition aucune de notre boîte de production), de tournages pour des vidéos promotionnelles ou de divertissement, d'événements, etc.

    De manière globale, il y a vraiment beaucoup de projets que j'ai vu défiler en 4 ans, donc je vais essayer de faire un listing chronologique des événements qui m'ont le plus marqués / qui m'ont beaucoup appris :

    - Septembre / Octobre 2015 : Bootcamp au Belushi's pour les phases de groupe des Worlds sur LoL
    - 2016 : Organisation de Viewing Parties pour la chaîne Starcraft II et pour la chaîne LoL
    - 2016 : Assistanat de production sur Nation Wars (Starcraft II)
    - De 2016 à 2018 : Production de vidéos bi-hebdomadaires pour la chaîne HyperX France (création du contenu éditorial, tournages avec différentes équipes esport, suivi de la post-production et suivi relationnel avec le client).
    - Août 2017 : Organisation et Production du cast français lors des finales des LCS EU à l'AccorHotels Arena, à Paris.
    - Mai 2018 : Organisation et Production du cast français lors de la finale du MSI au Zénith de Paris.
    - 2018 : Production de l'émission Le QG d'OG pour ES1 (diffusion TV, ce qui m'a appris quelques petits tips de production TV que je ne connaissais pas)
    - 2018 : Création (avec Rivenzi) et Production de l'émission MasterClash sur Overwatch (c'est une émission originale, donc créée de A à Z).
    - Octobre 2018 : Gestion du stand Asus sur la Paris Games Week (écriture et gestion de l'édito, booking des talents, production audiovisuelle de la scène et des streams affiliés, gestion des ressources humaines présentes sur le stand, etc)
    - 2019 : Production de la LFL (LoL) en partenariat avec Webedia
    - Février 2019 : Production du Grand Débathon (émission Accropolis en partenariat avec le Gouvernement français)
    - Mai 2019 : Production de l'émission JAM de Julien Josselin pour promouvoir la sortie du film Men In Black International (un tournage d'une envergure bien différente de tout ce que j'avais pu faire jusqu'à présent, c'était absolument génial. Stressant, mais génial).
    - Juin 2019 : Production du Climarathon (émission Accropolis en partenariat avec la Mairie de Paris).

    Voilà pour le listing. On voit difficilement l'évolution des responsabilités qui ont pu m'incomber au fur et à mesure de mon parcours chez OG, mais il est bien présent : au tout début, j'étais surtout une assistante de production (ce qui est complètement normal, faut bien commencer quelque part) et je donnais des petits coups de main à droite et à gauche sur les différents projets de la WebTV.
    Au fur et à mesure, j'ai su me faire une place au sein de l'entreprise : on m'a donné plus de responsabilités, on m'a formée sur l'administratif, sur les budgets, on m'a donné l'opportunité d'avoir une vision plus macro de chacun de mes projets pour que je ne sois plus dans l'exécutif pur, mais dans la compréhension de ce que j'exécutais. Aujourd'hui, je suis à la fois chargée de projets, productrice et commerciale (vu que je suis le contact commercial pour certains clients), donc je peux gérer certains projets de A à Z sans avoir trop besoin de m'appuyer sur mes managers. Et c'est grâce à eux que j'ai pu évoluer jusqu'à aujourd'hui. J'ai encore beaucoup de choses à apprendre, mais je sais que je suis bien entourée professionnellement, donc ça ne peut que bien se passer !

  • 4) En quoi consiste concrètement tes fonctions de Producer / Chargée de projets  ?

  • C'est vaste.... En fait, dans le milieu au sein duquel j'exerce au quotidien, je suis obligée d'être assez polyvalente. Mais si je raconte mon quotidien tel quel, c'est pas très fun : je viens tous les matins aux locaux, je regarde mes mails, je réponds aux différents clients, je fais des études de faisabilité de projets, je monte des budgets en fonction de cahiers des charges, je vérifie toutes mes hypothèses auprès des pôles concernés (graphisme, technique, etc), j'accompagne mon manager sur l'établissement de propositions commerciales, et j'avance sur chacun de mes projets (booking des ressources humaines et matérielles, écriture et envoi des mails de convocation et des documents de production, finalisation de la logistique...), je fais les suivis budgétaires de mes projets, je recense les factures, j'accompagne mon second manager sur le suivi administratif des projets que j'ai à ma charge, etc.
    C'est un peu tout pêle-mêle, parce que chaque journée est différente en fonction de mes projets du moment.

  • 5) Quelles sont les prochaines actus d'O'Gaming ?

  • On a des projets très cool qui arrivent, je ne peux bien évidemment rien dévoiler, mais notre planning de production audiovisuelle est bien rempli, donc je ne vais pas m'ennuyer !

  • 6) Quel regard portes-tu sur l'évolution de l'esport en France, et plus particulièrement dans son aspect « divertissement » ?

  • Pour être tout à fait honnête, j'ai souvent la tête un peu dans le guidon, donc j'ai du mal à prendre du recul sur ce genre de sujets. De ce que je vois à mon échelle, je suis assez satisfaite de voir que des salles iconiques, connues notamment pour accueillir de grands artistes issus du monde musical, ouvrent désormais leurs portes à des événements esportifs. Je pense bien évidemment à l'AccorHotels Arena et au Zénith de Paris pour les événements les plus récents. Les shows sont de plus en plus fastueux, où plusieurs disciplines se mélangent (musique, danse, chant, street art, sport, etc).
    Ce que je vois me plaît et j'espère qu'on continuera de proposer de belles choses, que ce soit avec de petites ou avec de grandes entités. Je souhaite juste que ça ne prenne pas une ampleur complètement démesurée qui porterait plus préjudice au milieu qu'autre chose.

  • 7) Enfin, le conseil du Cheffe : Quelles sont, d'après toi, les compétences les plus importantes qu'un.e producer dans l'univers de l'Esport doit détenir et de fait, savoir valoriser dans son CV et sa lettre de motivation ?

  • Mon point de vue est assez tranché là-dessus : être producteur dans le milieu de l'esport ou dans le milieu de la mode, de la musique, de l'art, etc, tout ça c'est pareil. Le fait de travailler dans l'esport ne demande pas plus de compétences qu'une autre discipline, puisque le principe même d'un producteur est d'être polyvalent.
    Selon moi (et attention, je précise bien qu'il s'agit de mon avis), pour exercer ce métier, il faut être endurant et rigoureux. Ce sont les deux compétences majeures : on ne peut pas organiser des projets si on n'est pas organisé soi-même. Il faut être extrêmement rigoureux sur l'organisation de ses idées, des tâches à effectuer, il faut toujours savoir où on va. La création de documents de production (rétroplanning, cahier des charges, documents post-projet, mails de convocation, etc) est extrêmement importante pour un prod : c'est en créant ces documents qu'il construit et structure sa pensée. Et comme le producteur est le "chef d'orchestre" de toutes les personnes travaillant sur le projet, il est essentiel qu'il soit méticuleux dans son travail pour que tout le monde s'y retrouve et avance dans le même sens.

    Ensuite, quand je parle d'endurance, je parle d'endurance de travail : il faut pouvoir être capable d'enchaîner les heures de travail et les projets pour en arriver au bout. Le métier de producteur (de ce que j'en expérimente en tout cas) est un métier haletant,. Donc si on n'est pas très dynamique ou pro-actif, ce n'est pas vraiment conseillé de se lancer dans ce type de métier !
    Parfois, les délais de production sont très courts, pour une charge très dense de travail... C'est surtout dans ces cas-là que l'organisation est primordiale, et que l'endurance est un atout indéniable. C'est pas toujours rigolo sur le coup, mais je n'ai pas un seul mauvais souvenir d'un projet éreintant que j'ai eu à mener : si le client est satisfait du travail fourni, c'est que ça en valait le coup.

    Pour moi, il est également essentiel pour un producteur d'être assuré dans sa manière d'aborder un projet : il est celui qui doit tirer le meilleur de tout ce qui doit être effectué, et c'est donc à lui de motiver les troupes et de les encourager à se dépasser pour la bonne réalisation du projet. J'essaye toujours de glisser un mot sympa / drôle / mignon à mes équipes quand je leur envoie les mails de briefing pour que tout le monde se sente impliqué dans le projet et donne le meilleur de soi-même. Si ça se trouve, tout le monde s'en fout et personne n'ose me le dire, mais moi je trouve que ça fait partie du rôle d'un producteur : c'est un peu la "maman" ou le "papa" du projet, après tout !

    Enfin, et toujours selon moi, un producteur doit savoir travailler en équipe : comme je le disais tout à l'heure, il est le "chef d'orchestre" du projet, le point névralgique entre tous les pôles convoqués sur un projet. Si le producteur ne travaille pas main dans la main avec ses collègues, le projet ne peut être réalisé dans de bonnes conditions.
    Savoir travailler en équipe implique beaucoup de choses : être à l'écoute des autres, savoir donner son avis et savoir l'argumenter, savoir accepter ses erreurs et tirer le meilleur de ses échanges avec les autres pour mener le projet vers sa forme finalisée la plus qualitative. Ce n'est pas aussi évident que l'on peut croire, parce qu'il faut réussir à concilier une pluralité de points de vue sur un même projet pour un résultat qui convienne à tout le monde !

    Il faut savoir se remettre en question, prendre du recul sur ses choix et sur le travail effectué, sur le chemin parcouru, et avoir la volonté farouche de toujours s'améliorer.
    J'essaye d'appliquer autant que possible ces guidelines pour m'améliorer et mûrir professionnellement. On verra bien où ça me mènera !


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