Eva Martinello – Journaliste Esport Indépendante
1) Eva, tout d'abord, peux-tu nous expliquer ton parcours ?
J’ai fait une licence de droit privé, un peu par hasard, à l’Université de Tours. Je trouvais ça intéressant, mais rien de plus. En Master 1, j’en avais déjà ma dose, alors j’ai réfléchi à ce que je pouvais faire d’autre. Parallèlement, je suivais beaucoup l’esport depuis la sortie de League of Legends, et encore plus pendant mes études car je n’avais plus le temps de jouer, alors je regardais les compétitions. Mais quand Overwatch est sorti, ça a pris une autre tournure. Je suis entrée dans une équipe, j’ai fait une Gamers Assembly avec la structure Metaleak et en voyant ce que c’était « de l’intérieur », j’ai encore plus aimé ça. Par contre, ça ne m’a pas aidée à réussir mon Master !
Plus tard, à la DreamHack Tours de 2017, un ami m’a demandée d’écrire sur le tournoi Overwatch pour son site « AFK » (AlwaysForKeyboard), totalement par hasard. Le journalisme était un rêve de gamine, mais je l’avais abandonné depuis longtemps. J’ai eu un déclic et j’ai décidé de me réorienter là-dedans. Je suis entrée chez WarLegend en tant que rédactrice bénévole et en juin, j’ai trouvé la Street School qui proposait la formation parfaite pour moi : pratique, courte, gratuite. J’ai été sélectionnée pour la formation intensive de journalisme digital à Paris, d’octobre 2017 à février 2018. Et depuis, je travaille en tant que pigiste spécialisée dans l’esport.
2) Alors que tu étudiais le Droit en Master 1, tu as décidé de t'arrêter dans cette voie pour entamer une formation « courte » de journalisme, et ce afin de te tourner vers l'Esport. Dans quel état d'esprit étais-tu au moment de ce choix ?
Ce n’était pas évident à assumer. J’ai la tête sur les épaules, je n’aime pas prendre des risques… et autant dire que ma famille préférait que je continue le droit ou que je passe un concours dans l’administration, quitte à arrêter ! Mais quand j’ai trouvé cette formation, je me suis juste dit : autant essayer. Parce que c’était exactement ce que je recherchais, et je n’avais que quelques jours pour postuler. En fait, je ne pensais même pas que je serais prise car c’était très sélectif… mais quand j’ai eu la nouvelle, j’ai tout plaqué pour aller à Paris directement. J’ai eu beaucoup de doutes, notamment sur le fait de me spécialiser dans l’esport parce que je pensais pas que ce serait possible. Mais j’ai eu beaucoup de soutien et j’ai compris que si c’était ce que je voulais, il fallait que j’y aille à fond, alors j’ai arrêté de me poser des questions et tout a été plus facile dès ce moment-là.
3) Comment expliques-tu qu'après seulement 8 mois d'activité, tu collabores avec des structures telles que Gameblog, ou encore Numérama ?
Je pense que j’ai eu beaucoup de chance, honnêtement. En ce moment, j’envoie des synopsis à des médias qui restent sans réponse. Mais pendant ma formation à la Street School, mon tout premier mail était pour Numérama et mon sujet a été pris directement. Même chose pour Gameblog, que j’avais rencontrés au moment-même où je cherchais mes premiers médias… mais ce qui est sûr, c’est que sans ma formation, je n’aurais pu travailler pour aucun des deux. Je pense que la Street School m’a bien entraînée et m’a mise dans le bon état d’esprit pour me lancer !
4) Une partie de ton activité concerne la « pige ». Peux-tu nous dire, concrètement, ce que c'est ?
Le mot pige désigne à la fois notre rémunération et notre statut. Cela veut dire qu’on est payés à l’article, plus précisément au « feuillet » qui est un nombre de signes dans un article, mais en presse web, ça ne se fait plus trop. D’un autre côté, le statut de pigiste fait que quand on écrit pour une rédaction, on est comme un salarié occasionnel pour elle, c’est un statut un peu hybride. Concrètement, on a des fiches de salaire, mais on est payés à l’article et non à l’heure. Après, j’écris aussi pour des entreprises qui ne sont pas des entreprises de presse, comme RedBull : ce sont des articles qui suivent le format journalistique, mais qui visent à promouvoir la marque. Et là, je suis payée en factures.
5) [Instant PUB] : Quels sont tes objectifs pour 2019 ?
Globalement, je souhaite m’améliorer dans ce que je fais. Je reste débutante, ce qui fait que je suis assez lente et j’ai encore ce style d’écriture lourd que j’ai appris en droit. J’aimerais aussi travailler pour quelques médias généralistes, ce qui est un défi pour moi. Et en hiver, je m’envolerai en Corée du Sud pour réaliser des sujets là-bas… donc je dois améliorer mon niveau de coréen !
6) Quelles difficultés rencontres-tu depuis ton lancement d'activité de journaliste freelance ?
D’abord, ce à quoi je m’attendais : les sous ! L’activité de pigiste est assez mal payée parce qu’en plus de réaliser nos sujets, on prend beaucoup de temps à les négocier. Il faut aussi être très organisé, car il faut jongler en permanence avec plusieurs sujets et médias. Dans ma formation, les intervenants nous disaient que ça prenait au moins deux ans avant d’être bien établi en tant que pigiste, alors je ne panique pas et je fais de mon mieux ! Et pour ce qui est du côté esport, il y a aussi le fait qu’il faut oublier les week-ends, surtout en pleine saison car il y a toujours une compétition ou une convention à couvrir. Mais ça vaut complètement le coup, surtout quand on a la chance de voyager partout dans le monde pour assister aux événements.
7) Enfin, le conseil du Chef : Tu as mis ton premier pied dans l'Esport au travers du bénévolat, activité souvent décriée. Quel est ton avis « sans langue de bois » sur le sujet ?
C’est un sujet compliqué ! Je comprends ceux qui décrient le bénévolat car vu de l’extérieur, ça ne paraît pas éthique, surtout quand certains vivent d’une association esportive alors que d’autres y travaillent bénévolement (quand son objectif ultime est d’être rentable, par opposition aux associations caritatives par exemple)… mais même si ça demande moins d’investissements, ça se paye d’une certaine façon puisque la qualité de travail n’est pas la même. Pour ce qui est de mon expérience, je pense que donner de son temps à un projet est quelque chose d’important, et ça m’a beaucoup aidée à me développer personnellement. Mais même si le bénévolat m’a appris ce qu’était l’esport, ça ne m’a pas appris le journalisme. Je pense que c’est important d’en faire, d’ailleurs je continue à donner de mon temps chez Women in Games France… mais ça ne devrait pas être une fin en soi.
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